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SAISON AFRICA2020 : Une campagne de promotion inédite pour l'art contemporain africain


Saison Africa 2020 est une série d'événements à Paris, dans le but de promouvoir l'art contemporain africain.
© Saison Africa2020 - Institut français (tous droits réservés)

Avoir l’ambition de réunir autour de dénominateurs communs plus d’un milliard deux cents millions d’habitants, près de trente millions de km², est une aspiration qui peut quasiment sembler irréalisable. Néanmoins, c’est dans ce dessein panafricain que se place volontairement Saison Africa2020, qui a pour vocation de mettre en valeur l’histoire, la richesse et les objectifs du continent africain.



Sous l’égide d’Emmanuel Macron, cette manifestation culturelle est soutenue par de grandes institutions telles que le Conseil présidentiel pour l’Afrique, l’Institut français, ainsi qu’une armada de partenaires prestigieux. Mais c’est véritablement grâce à la nomination de N’goné Fall, en tant que Commissaire générale, que le ton est donné : une campagne de promotion inédite pour l’art contemporain africain. En effet, l’ancienne directrice de rédaction de la Revue noire s’impose comme une personnalité de renom dans ce secteur d’activité. Après avoir collaboré à l’écriture de l’Anthologie de l’art africain du XXème siècle, elle apporta son expertise dans divers événements artistiques en tant que Critique d’art et Commissaire d’exposition, avant d’être érigée au rang de présidente de la Biennale de Dakar, en 2018 (1).


Saison Africa 2020 est une série d'événements à Paris, dans le but de promouvoir l'art contemporain africain.
© Saison Africa2020 - Institut français (tous droits réservés)

D’une manière objective Saison Africa2020 est un événement qui aborde divers champs disciplinaires tels que la mode et la littérature. Il transcende même le domaine culturel en abordant le thème de l’entrepreneuriat ou encore celui des sports urbains, tout en se questionnant également sur la condition des femmes et des enfants dans les sociétés africaines et afro-descendantes.


El Anatsui est l'une des grandes figures de l'art contemporain africain.
El Anatsui, Fresh and Fading memories, Palazzo Fortuny, 2007.

Mais pour débuter cette extraordinaire saison culturelle, les amateurs d’art contemporain africain ont eu l’agréable surprise de constater que le lancement serait ponctué par l’exposition d’El Anatsui à la Conciergerie – Centre des monuments nationaux (CMN) (2).

Il est important de rappeler que la réputation du sculpteur ghanéen n’est plus à démontrer car il s’est imposé avec éclat sur la scène artistique internationale depuis plusieurs décennies. Pourtant, il s’avère que ses œuvres d’art n’ont encore jamais fait l’objet d’une exposition monographique en France.

Et par ce geste fort, il est donc aisé de percevoir implicitement la volonté du pays de se revaloriser au sein du marché de l’art contemporain africain, actuellement dominé par les pays anglophones. Durant cet événement inédit, les spectateurs pourront découvrir une installation qui se nomme « En quête de liberté » et qui fera appel aux cinq éléments de la nature (le Bois, le Feu, le Métal, l'Eau et la Terre) afin de mettre en évidence l’histoire de la Conciergerie et l’impact du temps qui passe, tout en laissant la liberté à chacun de se réapproprier l’espace du monument historique (3).



El Anatsui est l'une des grandes figures de l'art contemporain africain.
El Anatsui, Sasa, Centre Pompidou, 2004.
El Anatsui est l'une des grandes figures de l'art contemporain africain.
El Anatsui, Meyina. Untitled,Photo Maarten Van Haaff, 2016.

Tandis que l’installation d’El Anatsui propose un dialogue entre le passé et le présent, Saison Africa2020 souhaite inclure cette vision afin de « Transcender ensemble tous les futurs possibles » (4). Et pour aborder toutes les spécificités propres à chaque pays africains, cinq grands thèmes ont été conçus comme des partitions ouvertes invitant à l’imaginaire :

- Oralité augmentée ;

- Économie et Fabulation ;

- Archivages d’histoires imaginaires ;

- Fictions et mouvements (non)autorisés ;

- Systèmes de désobéissance.


Grâce à cette coordination, la programmation offre en conséquence une pluralité d’événements qui réunit autant des grandes figures de l’art contemporain africain qu’une nouvelle génération d’artistes. Nous pouvons ainsi citer la présence d’Yto Barrada (5) au Musée d’Art et d’Histoire Paul Éluard (Saint-Denis), celle de Barthélémy Toguo (6) à la Halle Tropisme (Montpellier), mais également Génération A, au théâtre de la Villette (7). Ce festival, initié par Alioune Diagne et Fatima N’doye, présente le travail de divers artistes pluridisciplinaires (musique, danse, art contemporain, food et vidéo) pour exposer leur vision commune, résolument contemporaine, créative, insoumise et toujours engagée.

À l’instar du dialogue intergénérationnel, la programmation permet aussi de se questionner sur des problématiques actuelles telles que les photographies de Zanele Muholi qui, lors de sa rétrospective à la Maison européenne de la Photographie (MEP) (8), tendront à rendre plus visibles les personnes noires LGBTQIA+, tout en remettant en question les idéologies et les représentations hétéro-patriarcales.



Et enfin, de nouvelles formes de promotions artistiques

Afirika Art Fest est un festival à Chambéry qui a pour but de promouvoir l'Art contemporain africain.
© Af!r!ka ArtFest

ont été créées comme l’émission de télévision Oh ! AfricArt, qui démocratise l’art contemporain africain aux téléspectateurs néophytes, et Afirika Artfest à Chambéry, dont la mission est de réfléchir à l’édification de la ville de demain sur le continent africain. Lors d’un parcours au cœur de la ville, les visiteurs pourront alors découvrir la contribution des huit artistes autour d’une réflexion mutuelle sur le vivre ensemble, l’architecture sociale, l’importance des traditions, la connaissance de leur propre histoire, l’appropriation de la transition écologique, les prises de conscience successives dans leurs vies quotidiennes ainsi que l’imagination d’une ville futuriste (9).


Bien qu’elle ne se résume pas totalement à ce seul domaine d’activité, force est de constater que la diffusion de l’art contemporain africain est au cœur de la programmation de Saison Africa2020. Néanmoins, il est important de se questionner sur la place qu’elle occupe factuellement en Afrique. Même si son utilité est effectivement contestée vis-à-vis de l’amélioration des sociétés africaines, elle s’avère nécessaire à la création d’un portrait relativement aboutie de leurs développements qui semblent de prime abord antinomiques, en l’occurrence ancrés dans le passé mais projetés vers l’avenir. Là où l’art peut paraître secondaire, voire anecdotique, il est fondamental, comme l’atteste le philosophe Jean-Paul Sartre, à l’évolution d’une conscience de notre propre condition et des multiples réalités de notre environnement (10).



Suite aux restrictions sanitaires liées au Coronavirus, nous vous invitons vivement à consulter le Calendrier de Saison Africa2020 pour découvrir les dates de toutes les expositions artistiques ainsi que tous les autres événements.


 

Bibliographie :

Dossier de Presse de Saison Africa2020.

Nous adressons nos remerciements à Baptiste Romeuf, Consultant senior (Agence Insign pour l’Institut Français).

 

(2) L’installation sera accessible dès la réouverture de la Conciergerie au public.

(5) Présence des œuvres d’Yto Barrada durant l’exposition « Un.e Air.e de famille », au Musée d’Art et d’Histoire Paul Éluard (du 25 juin au 15 novembre 2021)

(6) Présence des œuvres de Barthelemy Toguo au Musée du Quai Branly, exposition Africa2020 (du 26 février au mois de juillet 2021) ; et aussi à la Halle Tropisme à Montpellier

(7) Exposition « Génération A », au théâtre Paris Villette (du 7 au 11 juin 2021)

(8) Exposition à la Maison Européenne de la Photographie (MEP) Zanele Muholi (du 17 mars au 6 juin 2021)

(9) « Coeur de la Ville », Af!r!ka ArtFest, Texte de Roger Niyigena Karera

(10) Claude Philippe Nolin, « le rôle de l’art et de l’artiste » (article), l’Aut’ Journal Au jour le jour, 2008.


 

Article rédigé par

Rama Barry

Historienne de l'art

© Oshūn Art


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